Derrière le compte Instagram ‘Les visites de mon voisin‘ se cache un influenceur bruxellois en urbanisme, Gaspard Giersé. Découverte d’archives, de lieux secrets, d’anecdotes, 16.000 abonnés en raffolent. Avec le spectacle ‘Bruxelles chaos’, il passe à un nouveau mode de communication en présentiel, entre le stand-up et la conférence. Une passion pour le charme incohérent bruxellois qui ne remonte pas à hier.
« Quand j’avais quatorze ou quinze ans, j’ai commencé à m’intéresser à de vieilles photos de Bruxelles, et j’ai découvert un peu effaré que cette ville n’avait pas toujours été comme celle qu’on a sous les yeux. On n’y a fait n’importe quoi, comme si un chirurgien fou aurait donné des coups assez francs avec ses grands ciseaux. Bruxelles est un laboratoire d’urbanisme à ciel ouvert. Une ville, il faut le voir comme un tas de décisions qui ont été prises au travers du temps, certaines très récentes, certaines très anciennes, le tout mixé à de la géographie.«
Un exemple historique marquant du XXe siècle, la jonction Nord-Midi a été un moment brutal de l’urbanisme bruxellois. Pour le passage de la circulation ferroviaire, une grande tranchée de quatre kilomètres de long sur trente-cinq mètres de large a été creusée à travers toute la ville. Evidemment, il y a eu quelques obstacles.
« A un moment donné, sur le « chemin naturel » de ce trajet, il y avait la cathédrale Saint-Michel et Gudule. Donc, on a dû se dire : » Chef, le grand bazar gothique là, on peut casser ça, comme tout le reste ? « . Du coup, la jonction fait un léger détour. Si vous regardez une carte, en fait, il y a un léger arrondi qui passe devant la cathédrale. Quand vous êtes dans le train, c’est à peine perceptible, après la gare centrale en direction de la gare du Nord, vous sentez que le train fait un tout petit mouvement sur votre gauche, et revient vers la droite, c’est le moment ou vous contournez la cathédrale. »
Au XIXe siècle, les grands chantiers bruxellois sont consacrés au voûtement de la Senne et à la création de larges boulevards. Très inspiré de la tendance de nos voisins français, le style imposant d’Haussmann va être appliqué à la sauce belge.
« C’est typique de Bruxelles, c’est une ville qui ne trouve pas de solutions d’elle-même, elle emprunte des solutions. Je vous invite tous à regarder les façades du piétonnier aujourd’hui : c’est du Paris, mais mal compris. A Paris, c’est martial, militaire, tout est droit, les fenêtres, les corniches, c’est totalement aligné. À Bruxelles, on n’a rien compris. Il n’y a rien qui est à niveau, les matériaux ne sont pas les mêmes, etc. Donc, ce sont des Bruxellois qui se sont assis à une table, et qui ont aussi dit : » Ah quand même, on a essayé de faire quelque chose comme à Paris, voilà. «
Bruxelles, c’est le personnage le plus sympa de la fête
Pour Gaspard Giersé, l’urbanisme d’une ville reflète la société qu’elle abrite. Dans son spectacle, il personnifie les grandes villes européennes pour confronter leurs spécificités.
« J’essaie de donner un visage, une chair à aux villes pour que les gens comprennent bien de quoi il s’agit. Bruxelles, c’est le personnage le plus sympa de la fête, clairement. Paris, très élégante, mais seule au bar, en train de mépriser un peu le reste du monde. A côté d’autres très belles villes, Bruxelles, c’est quelqu’un qui arrive avec un plateau de bière, un peu mal habillé, les cheveux en pétard. En même temps, je pense que c’est la personne avec qui potentiellement on peut passer la meilleure soirée, parce que c’est la plus accueillante et la moins dogmatique des grandes villes européennes. »
Le Spectacle ‘Bruxelles chaos’ est à voir au Jacques Francq ce vendredi 10 octobre à 14h et 20h.