L’Open VLD met Bruxelles en PLS

Je vous préviens, vous risquez de terminer cette chronique comme après Tenet de Christopher Nolan, si vous avez vu. Un film, pour résumer très vite, où un protagoniste doit sauver le monde en contrôlant l’inversion du temps. Vous aurez compris, ou pas. Vous voyez le genre. Quand vous croyez avoir compris, vous vous demandez, mais ai-je bien tout compris ?

D’abord, il y a la maladie d’un ministre. Le ministre du budget, l’Open VLD Sven Gatz. Voilà des mois que son état de santé est préoccupant suite à une sévère infection. Il souhaite démissionner. C’est compréhensible donc. Compréhensible, mais étonnant pour tous ses collègues. Et certains soupçonnent le président de l’Open VLD, Frédéric de Gucht, de chercher à écarter Sven Gatz pour placer un homme à lui. Des soupçons liés à un moment très particulier pour annoncer sa démission après plus d’un an. Il y a enfin une discussion qui semble porter ses fruits sur le budget et un futur gouvernement.

Un scénario à rebondissements

On commence à entrer dans un scénario que Nolan aurait trouvé un peu abscons, c’est dire. Sven Gatz envoie un mail de démission, mais étant ministre démissionnaire, puisque le gouvernement est démissionnaire, il faut, pour démissionner de son poste de ministre, une procédure devant le Parlement. Et puisque c’est Bruxelles, il faut une majorité, et une majorité dans chaque groupe linguistique, francophone et flamand. En soi, rien d’insurmontable. Pour remplacer un ministre, ça s’est déjà fait.

Sauf que, rebondissement. Un film de Nolan. En effet, le libéral flamand envoie aux greffes du Parlement une motion de méfiance constructive signée par plusieurs partis flamands. Groen, N-VA, Vooruit, croit-on savoir. Cette motion jamais utilisée permet de démettre un ministre au sein de la seule majorité flamande, sans devoir donc demander des comptes aux francophones.

Avec cette procédure, une majorité de 9 députés flamands, sur les 89 que compte le Parlement bruxellois, pourraient donc décider du sort du ministre.

Une procédure que beaucoup de francophones considèrent comme confédérale et vexatoire pour les partenaires avec qui tous ces gens sont quand même en train de discuter. Il faut s’imaginer la scène. On peut y voir une réplique du refus du PS et des Ecolos d’accepter une majorité néerlandophone avec la N-VA, ce qui avait aussi été jugé vexatoire par les partis flamands.

Suite et pas fin

Les rebondissements de cette affaire ne sont pas terminés. Nolan abandonne et jette votre scénario par terre. Il le trouve nul. Certains juristes considèrent que cette motion de méfiance ne peut pas être utilisée envers un ministre démissionnaire. D’autant plus qu’il est démissionnaire, car il fait partie d’un gouvernement démissionnaire – si vous suivez toujours – mais qu’en plus, il a envoyé sa lettre de démission personnelle.

Donc on ne peut pas démettre quelqu’un qui est déjà parti. Donc Sven Gatz envoie un deuxième mail pour retirer sa démission.

Et là vous vous dites, ça suffit ? Eh bien non. Et là, Nolan a déjà quitté la pièce, le scénario est par terre. Et vous restez seul avec votre scénario, car figurez-vous, vous aviez mis un easter egg. Il ne l’a même pas vu, Christopher Nolan, il est parti trop tôt.

Il s’avère que la motion de méfiance déposée n’est pas recevable, car il manque des signatures, celles de Vooruit. Et hier, on n’était pas en mesure de savoir exactement qui avait signé. Bref, le coup fumant est devenu un coup fumeux, un amateurisme à peine imaginable de la part de l’Open VLD, qui ne cesse de dire partout – et on le croit – que la situation est grave, que la région a besoin de sérieux. Le tout alors qu’on est dans une négociation budgétaire décisive.

Et si après ça, vous croyez avoir tout compris, c’est que vous avez été distrait quelque part.

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